Mondes Fragiles, Bonnie Colin

Réalisé entre 2020 et 2022, l’ensemble des carnets de Bonnie Colin, remplis de pages dessinées au pastel à l’huile ou à l’aquarelle forme une œuvre poétique et intime, devenue au fil du temps comme une sorte d’écriture et de respiration entre les différentes pratiques de l’artiste. Pendant un peu plus de 10 ans, le travail de Bonnie Colin s’est essentiellement tourné – faute d’espace – vers le support papier et notamment dans les pages de carnets de petite taille. Le format, impliquant à la fois une économie et une concentration d’énergie, a imposé presque naturellement une valeur essentielle au geste. La main parle, le trait se fait furtif, frémissant, fort ou délicat, il transpose l’émotion, devient une langue, une musique, le point essentiel du récit. Par essence nomade, le carnet, aspire à une certaine légèreté et spontanéité. La simple obligation de « tourner la page » et de passer à autre chose, recommencer sans cesse ou continuer, essayer, rater, tenter… et malgré tout accepter de laisser une trace de ce processus, confère au carnet une place particulière. Le simple fait de pouvoir transporter au plus près de soi ce qu’il y a de plus profond, de plus personnel et confidentiel, donne à cet objet une valeur presque fétiche. Dans un monde ou les murs sont devenus virtuels et ont entrainé la banalisation de l’image, ces carnets sur supports délicats, qui se referment comme pour protéger leur contenu, représentent un témoignage précieux et fragile de notre époque. La nature et ses vastes étendues, propice au calme et l’introspection y occupe une place centrale, sans doute depuis que Bonnie Colin a quitté la foule parisienne pour les bords de Loire et ses paysages changeants au gré des variations du fleuve et de la lumière

Dans la continuité de ses paysages minimalistes dessinés à l’aquarelle ou au pastel à l’huile, Bonnie Colin explore avec la peinture une autre façon d’appréhender l’espace et d’entrer dans la matière. On y retrouve le geste tant exploré dans les carnets : parfois caressant, à d’autres moments plus tranchants.  Ici le trait s’étire en larges aplats de couleurs aux délicates variations entre ombre et lumière, équilibre et tension. « Peindre ça n’est pas exprimer ou représenter mais rechercher ».

Avec la sculpture, il est toujours question de fragilité et d’espace. Cette dernière s’est imposé à l’artiste comme un trait d’union entre le dessin et la peinture. Un passage nécessaire pour permettre à l’artiste  de prendre d’autres directions dans son travail. Le papier du carnet tant aimé, le toucher, la fragilité de celui-ci l’ont rapidement amené vers le choix du carton comme médium.

Cette exposition  est présentée dans le cadre du Printemps du dessin, manifestation nationale qui célèbre le dessin contemporain partout en France du 20 mars au 21 juin 2023.

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