La tendresse du coureur de fond, Geneviève Hergott

Diplômée des Beaux-Arts de Paris, Geneviève Hergott a rapidement délaissé la toile, qu’elle trouve trop raide pour se tourner vers le papier, une matière plus souple et charnelle, propice aux pliages et manipulations, qui deviendra son support de prédilection. C’est d’ailleurs à travers le papier tressé qu’elle commence par développer sa pratique. Depuis toute petite, l’artiste affectionne les tissus et conserve un souvenir ému des rideaux chez ses grands-parents, dont les motifs et ondulations deviendront une riche source d’inspiration.

Pratiquant divers médias, elle privilégie depuis plusieurs années le dessin. Sous la mine de ses crayons, les traits se croisent et se superposent, telle la trame du tissu pour faire naître tantôt des représentations figuratives, tantôt des formes abstraites qui vibrent au rythme des lignes et répétitions sans fin. Le dessin s’y trace comme une autre forme d’écriture.

L’artiste puise dans le quotidien, ses souvenirs et son imaginaire, matière à dessiner. Elle aime le travail en série qui lui permet d’étirer son sujet et d’en explorer toutes les facettes, à l’image de sa galerie de portraits, débutée en 2014, comme autant de personnes réelles ou fantasmées aux caractères différents.

Dans un jeu de superpositions, recouvrements et entrelacements, la forme semble surgir du chaos, la clarté nait de l’obscurité et la présence se mêle à l’effacement.  Avec une grande économie de moyens, Geneviève Hergott travaille sur les notions d’apparition, de sidération et d’impermanence.

L’artiste aime avant tout les crayons de couleurs pour leur simplicité d’usage ainsi que leur côté « enfantin » et fragile. Cette spontanéité et apparente naïveté du trait sont ce qui la touche particulièrement : « le dessin permet une intimité très forte qu’on ne retrouve pas chez d’autres médiums. Quand je contemple un dessin, j’ai le sentiment d’être juste derrière l’épaule de son créateur ! »

Pour son exposition à l’inventaire, proposée dans le cadre du Printemps du dessin autour de la thématique du sport, l’artiste s’est intéressée au coureur de fond : un effort solitaire au long cours qui n’est pas sans rappeler une certaine endurance de la dessinatrice devant la feuille blanche. Il y est aussi question de souffle, cet air qui met en mouvement et nous rend vivant. Que l’on soit sportif, joueur, faisant partie d’un groupe de coureurs, de supporteurs ou de simples spectateurs, on respire le même air !

A travers une série de dessins aux crayons de couleur, débutée il y a une dizaine d’années, des corps et des visages s’assemblent et se complètent comme les pièces d’un grand puzzle, respirant et irradiant leur énergie individuelle et collective pour former une grande fresque vivante. Accompagnant ces dessins, d’autres motifs plus abstraits rendent compte de la dynamique des corps et des cœurs, tels cet électrocardiogramme se lisant comme un paysage qui défile, ou ces ondulations évoquant les chronophotographies d’Etienne-Jules Marey.

Née en 1954, Geneviève Hergott vit et travaille à Paris et en banlieue.

Plasticienne et graphiste, elle pratique divers médias avec une préférence pour le dessin depuis plusieurs années. Avant, pendant et après des études à l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, elle a été successivement enseignante de Français à Madrid, gardienne de musée à Paris, animatrice culturelle en banlieue, peintre sur meubles en Alsace, saisonnière agricole dans le Sud-Ouest, enquêtrice et chargée d’études, enseignante d’arts plastiques à Paris. Ponctuellement elle mène des ateliers auprès de publics divers et publie des livres graphiques – entre autres au sein de solo ma non troppo (compagnie et éditions) dont elle est co-fondatrice depuis 1999.

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