Christophe Cuzin, RIDEAUX

Présentation de l’artiste

Se qualifiant lui-même d’artiste-peintre en bâtiment, Christophe Cuzin peint de grands aplats monochromes qui interrogent les rapports entre la peinture, la couleur et l’architecture et entre l’abstraction et la figuration. Artiste sans atelier, il travaille toujours In situ : l’œuvre naît de l’architecture du lieu puis est vouée à disparaître à la fin de l’exposition. Seul restera alors le croquis, à la fois prémisse de l’idée et trace du travail.

Pour la réalisation de ses œuvres, l’artiste suit un protocole minimaliste, sans place pour la subjectivité ni prouesse technique. Selon lui, la véritable question, ce n’est pas comment cela a été fait mais plutôt pourquoi on le fait. Cette recherche de la « non-prouesse » ouvre son travail à la délégation et à la collaboration. D’abord, Christophe Cuzin fait un repérage du lieu, puis il dessine cet espace à partir d’une photographie et il définit le protocole à suivre ; puis pour finir, il le réalise.

Les lieux choisis ne sont généralement pas spectaculaires et l’artiste s’attache à mettre en lumière des éléments architecturaux que l’on ne regarde pas toujours : souligner les arêtes des murs, reproduire les façades et les déplacer ou encore indiquer les mesures de chaque murs. Il le dit lui-même : il n’invente rien mais il invite le spectateur à percevoir autrement le lieu. En limitant son châssis et sa toile à des architectures déjà existantes, l’artiste affirme sa volonté de ne pas créer d’objets dans un monde qui en produit déjà trop.

 Contenu de l’exposition

Pour l’exposition à la salle du Temple, Christophe Cuzin a demandé à l’artothèque et au réseau Arléane (composé de 35 bibliothèques sur le territoire de Vitré Communauté) de prendre en photo les rues de leurs villes. De ces prises de vue est né un voyage à distance, finalement devenu nécessaire du fait du confinement. L’artiste a ainsi découvert ces lieux qu’il ne connaissait pas et les a ensuite réinvesti en les dessinant avec le logiciel Photoshop.

Ce choix d’un logiciel de retouche photo et non de dessin n’est pas anodin car l’artiste le considère comme un outil archaïque, dans la lignée directe des machines Jacquard et des premiers ordinateurs, dont les pixels noirs sur fond blanc formeraient les 1 et les 0 de son code.

La minutie du dessin, pixel par pixel, permet de s’arrêter sur chaque détail de la ville, d’essayer de deviner ce qu’il y a précisément sur ces photos de lieux inconnus pour l’artiste et d’en modifier peut-être certains éléments.

Les dessins ont ensuite été agrandis et imprimés sur des rideaux translucides et traversables. Chaque rideau ouvre sur un point de fuite dans une fenêtre fictive et l’on peut y revivre un nouveau voyage, entre des lieux collés qui forment une nouvelle ville imaginaire.

 

 

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